L’exposition: “bien exposer”

La cellule de l’appareil photographique va mesurer la luminosité de la scène que l’on souhaite enregistrer. Son programme va prendre en compte la sensibilité du film qui a été chargé dans l’appareil ou sélectionnée pour le capteur numérique et choisir un diaphragme et une vitesse selon un algorithme choisi par l’ingénieur qui a conçu la caméra..
Si cette mesure n’est pas appropriée à la scène, vous allez trouver soit que votre image est trop claire, et vous aurez perdu des détails dans les hautes lumières (les parties les plus claires de l’image), soit que votre image est trop sombre, et vous aurez perdu des détails dans les basses lumières (les parties les plus sombres de l’image).
C’est sans doute un des domaines où les appareils modernes ont réalisé le plus de progrès, et même les compacts numériques d’entrée de gamme permettent d’obtenir la plupart du temps des résultats qui satisfont la majorité des utilisateurs.

Lorsque la lumière ne présente pas d’écart de luminosité important, toutes les cellules sont excellentes.


Nikon D300 – 1/400″ – F/10 – 400 iso – 95 mm

Mais parfois l’image va comporter des valeurs lumineuses extrêmes qui vont « piéger » la cellule. L’exemple le plus fréquent c’est le contre jour, lorsque l’appareil est face au soleil ou plus généralement lorsque les individus ou les lieux que l’on veut photographier sont dans l’ombre alors que le reste de l’image est très lumineux. La cellule ne sait pas si l’on veut photographier la partie dans l’ombre ou la partie au soleil.
Nikon D200 – 1/250 – F8 – 100 Iso – 40 mm (Exposition automatique) | Nikon D200 – 1/125– F5,6 – 100 Iso – 40 mm
Le contre jour a été particulièrement accentué sur cette image par la cellule de l’appareil, parce que le soleil se réfléchit très fortement sur le quai. Elle a pris en considération le ciel et ce reflet.
En général lorsque l’on se trouve dans des situations susceptibles de mettre en défaut l’exposition automatique, on va avoir tendance à être sous-exposé, parce que la cellule de l’appareil photographique est plus sensible aux hautes lumières, qu’aux basses lumières. Une évaluation empirique de la correction à apporter est très difficile. Les situations ne sont jamais identiques, et les interprétations qui seront faites par les cellules des appareils peuvent être assez différentes selon les modèles. Ainsi les quais de cette station du métro londonien auraient probablement été moins sombres avec un Nikon D2X ou un Nikon D70, car le D200 a été calibré par ses concepteurs avec une logique plus conservatrice des hautes lumières que ces appareils. Ca ne veut pas dire que la cellule du Nikon D2X est «meilleure» que celle du Nikon D200. Les cellules des appareils ont été réglées avec des logiques différentes par les ingénieurs de chez Nikon et dans une autre configuration lumineuse, c’est le D200 qui donnera l’exposition la plus satisfaisante.
Dans la pratique, lorsque l’on est en présence de situations de contrastes lumineux extrêmes, il faut mesurer l’exposition en cadrant exclusivement la zone que l’on veut privilégier, puis corriger, le cas échéant, le réglage proposé par l’appareil en passant en mode manuel, ou en utilisant le correcteur d’exposition, si votre appareil est équipé de ce dispositif. Attention cependant que l’exposition la plus satisfaisante est généralement quelque part entre celle qui est proposée par l’appareil dans le cadrage définitif de l’image et celle que l’on aura mesurée dans la zone que l’on veut privilégier. Il faut, pour conserver l’ambiance générale de la prise de vue, adopter le réglage qui donnera de la lisibilité dans les ombres sans « tuer » le contre-jour.
Soudeur dans un four - Tiru - www.dehesdin.comNikon D70 – 1/40″ – F/4,8 – 640 Iso – 45 mm (Mode Manuel)

Sans être nécessairement des contre jours, certaines prises de vue comportent des valeurs extrêmes entre les zones les plus claires et les zones les plus sombres, que l’appareil est incapable de reproduire simultanément. On doit faire un choix. L’exemple classique de la photographie qui comporte des valeurs extrêmes, c’est celui de la mariée qui sort de l’église à midi en plein soleil, vêtue d’une robe d’un blanc éblouissant, et qui pose devant le portail ouvert sur une église chichement éclairée par quelques vitraux. L’écart entre les hautes lumières (le blanc de la robe) et les basses lumières (le noir de la nef) est trop important pour que la surface sensible puisse les traduire simultanément sans bidouillage au labo ou dans Photoshop. En numérique, comme en argentique plus la sensibilité du film ou du capteur sera élevée, et moins l’écart susceptible d’être enregistré entre le blanc et le noir sera élevé. Dans ces situations extrêmes, on a donc intérêt à privilégier une faible sensibilité.

Les appareils réflexes un peu perfectionnés disposent d’une mesure spot qui permet de mesurer la luminosité sur une zone réduite à quelques degrés de l’image. C’est un outil indispensable, mais très dangereux à utiliser.
C’est un outil indispensable dans certaines situations. Dans les photos de concert par exemple, on se trouve souvent confronté à des lumières très violentes, destinées à éclairer à contre-jour les musiciens, mais qui sont autant de points très lumineux qui vont piéger la cellule. Il faut exposer pour les musiciens et non pour les spots, ou alors les photographies seront violemment sous-exposées. A l’inverse, sur un plan large, lorsque les musiciens sont placés devant un fond très sombre, et n’offrent qu’une surface réduite sur la totalité du champs de l’image, on a de bonnes chances d’être sur-exposé.
Nikon D2x – 1/20″ – F/5,6 – 1600 iso – 250 mm

Deux solutions: zoomer sur un musicien pour trouver l’exposition correcte, et travailler ensuite en exposition manuelle en conservant le réglage que l’on a trouvé, ou utiliser la mesure spot pour mesurer la lumière sur son visage par exemple, et travailler ensuite en exposition manuelle en conservant le réglage que l’on a trouvé.

C’est un outil très dangereux, parce que si on l’utilise pour mesurer l’éclairement sur une zone sombre, on sera sur-exposé, et si on l’utilise pour mesurer l’éclairement sur une zone claire, on sera sous-exposé. La cellule lorsqu’elle mesure un champ large effectue une moyenne entre les hautes et les basses lumières. C’est par comparaison entre les différentes plages de luminosité qu’elle va distinguer les zones claires, des zones sombres et exposer pour une valeur moyenne. D’où d’ailleurs les problèmes lorsque l’on photographie un tas de charbon ou un champ de neige. Lorsqu’elle ne mesure plus qu’un champs étroit, où elle n’a plus qu’une seule valeur lumineuse à se mettre sous la dent, et elle va supposer qu’elle en présence d’une luminosité équivalente à celle d’un gris moyen. S’il s’agit en fait d’une valeur les plus sombres de votre cadre, l’image sera surexposée et inversement s’il s’agit d’une des valeurs les plus claires de votre cadre, l’image sera sousexposée.

L’écran de visualisation situé sur l’appareil est un très mauvais moyen de contrôler son exposition. D’une part l’image qu’il affiche est plus contrastée que l’image réelle et d’autre part la perception que l’on a de l’exposition est fortement influencée par l’éclairage ambiant. C’est bien éventuellement pour se rendre compte immédiatement que l’on a un gros problème d’exposition, mais c’est un outil très grossier.
Par contre on dispose de deux outils beaucoup plus précis sur la plupart des appareils réflexes, un affichage de l’image sur l’écran LCD qui met en évidence par un clignotement les zones surexposées de l’image, et surtout un affichage sous une forme graphique, un histogramme, de la répartition des pixels de l’image en fonction de leur luminosité.

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