Picto arrête le développement des films argentiques (E6, C41 et n&b).
Une de mes premières tentatives pour mélanger argentique et numérique en superposant une photo d’un collier de diamants à un fond d’écran. A l’époque, je trouvais ça très beau. Le client avait été moins enthousiasmé. 🙂
C’est une décision qui a du sens techniquement et économiquement en ce qui concerne le développement E6 (les films inversibles) et C41 (les films négatifs couleur). Ces procédés couleurs sont extrèmement exigeants en termes de température de développement et de régénération des chimies. Pour maintenir la qualité du développement on a besoin, de par la nature même de la chimie, de volume et de régularité dans l’approvisionnement en films. Ca a du sens aussi en termes d’image (au sens l’image du labo auprès des photographes), la seule valeur ajoutée du labo sur le développement couleur en dehors de quelques procédés atypiques qui ont perdu beaucoup de leur intérêt avec le numérique, c’est de respecter avec la plus grande rigueur le process imposé par les chimistes.
C’est plus surprenant en ce qui concerne le noir & blanc à un moment où le noir & blanc semble, au moins dans les discours, plus valorisé que jamais. C’est un procédé qui participe de l’histoire de Picto. Pierre Gassmann qui a fondé Picto il y a plus de 60 ans, est lié à la légende de la photographie noir & blanc et c’est la première prestation qu’il a proposée aux photographes. La réputation de Picto s’est faite au départ au travers de Magnum. Le noir & blanc est un procédé rustique. Un grand nombre de photographes ont développé leurs films noir & blanc dans leur salle de bain, quand ce n’était pas dans leur chambre d’hôtel. C’est une technique hautement artisanale qui laisse une place importante à la personnalisation du traitement que ce soit pour jouer sur la sensibilité des films ou sur l’impact de leur grain. Il ne suppose pas de machines coûteuses et la différence de coût entre un développement à bain perdu ou à bain régénéré n’est pas énorme en n&b contrairement à la couleur.
C’est dans le logique de mon article sur Culture Visuelle sur le prix d’une image. Dès lors que la photographie a vu sa valeur économique s’effondrer, la plus-value symbolique d’une prise de vue sur film argentique n’est plus suffisante pour justifier le coût réel de son développement. Le support de la prise de vue est transparent. L’argentique n’est plus utilisé que dans les tirages, là où la différence argentique/numérique est supposée se voir et apporter une plus value économique, en particulier pour les expositions, avec le tirage de prises de vue numérique sur des supports argentiques.
Je me demande pendant combien de temps on pourra encore trouver des films couleur et leur chimie. Le noir & blanc devrait résister plus longtemps, car son marché, même si ce n’est qu’une niche, est réel, les amateurs pouvant développer leurs films eux-mêmes.
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