Dans «New Portraits», une série de 38 portraits exposée à la galerie Gagosian de New York en septembre et octobre derniers, l’artiste américain Richard Prince a reproduit des photographies publiées sur Instagram, qu’il a imprimées puis légendées d’un court message, raconte le Washington Post. Les œuvres se sont vendues jusqu’à 100 000 dollars (environ 91 000 euros), sans que les auteurs des photos originales ne touchent un centime. (Libération)
Je n’ai pas grand chose à dire de la démarche artistique de Richard Prince, si ce n’est que ça me semble être un énième bégaiement de Marcel Duchamp et que je trouve que ses acheteurs ont bien du mérite lorsqu’ils lui font des chèques à 90 000 euros.
Ce qui justifie ce billet, c’est en fait la réaction collective et solidaire d’un grand nombre de photographes sur le thème de: “il nous vole notre travail”.
Si on considère le droit moral, ils ont raison. Mais d’un point de vue patrimonial, ça me semble plus discutable.
Sur le marché de l’art la signature des photographes dont Richard Prince s’est approprié les œuvres ne valait rien avant qu’il ne s’en soit emparé. Leur photo ne vaut 90 000 euros que parce qu’elle est devenue un objet signé Richard Prince. Il n’y a pas à proprement parler de préjudice économique.
Les vrais voleurs sur un plan patrimonial ce sont les photographes amateurs ou professionnels qui diffusent des images au travers des micro-stocks en cédant tous leurs droits de reproduction pour une poignée de cacahuète. Ils ne volent pas physiquement les images des autres photographes, mais ils les démonétisent en faisant de la photographie un bien culturel que l’on peut acquérir pour une poignée de lentille.
A l’inverse, Richard Prince est à la fois un voleur qui s’approprie des photos qu’il n’a pas réalisé et un mécène qui redonne à la photographie une valeur économique.
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